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Comment s’habiller pour faire la révolution ?


Consciemment ou inconsciemment, nous catégorisons des appartenances partisanes à des façons de se vêtir, que cela soit de façon positive ou négative. Les costumes cintrés de Jordan Bardella, les cols Mao et les vestes d’inspiration bleu de travail de Mélenchon, la fameuse veste verte de Marine Tondelier, produisent de l’attachement ou au contraire de la répulsion. Ces tenues de politiques ne sont que les parties les plus visibles d’un mouvement global qui ne date pas d’hier. Nos vêtements et la façon dont ils sont portés envoient des signaux à notre entourage quant à notre appartenance de classe revendiquée mais aussi aux idéaux dont nous souhaitons nous faire l’écho. Mais parfois, le style devient un refuge identitaire qui nous coupe du reste de la société, en produisant de la distinction plutôt que du désir. Ils deviennent des clichés répulsifs comme le sarouel, le tote bag ou la casquette à la gavroche. On accuse ceux qui les portent d’en faire trop, on interroge la sincérité et l’authenticité de leur style. Le bleu de travail porté par des citadins diplômés ou la polaire par un politicien désireux de “faire peuple” provoque moqueries et agacement. D’autres rejettent carrément cette question, jugée trop “superficielle”. Pourtant, quand on regarde en arrière, peut-on dire que la tenue d’un Ernesto Che Guevera – qui a conservé son style “guerillero-cigare” même devenu ministre ou celle de Lénine, long manteau et béret, ou encore plus loin celle des révolutionnaires de 1789 – nommé “sans culottes” en raison de leurs vêtements – et plus récemment celle des Gilets jaunes n’ont joué aucun rôle politique ? Conscients de l’importance de ce sujet, qu’en faire au sein de la guerre des classes ?

1 – Le costume-cravate et la respectabilité viriliste

Jordan Bardella affiche sa carrure d’homme qui s’entretient dans des chemises et des vestes cintrées, respectivement bleues ciel et bleu marine. Ses jeunes militants qui distribuent des tracts aux personnes âgées à l’entrée du marché de ma petite ville imitent son style. Parfois, Jordan Bardella porte une cravate, parfois non. Dans la revue Trou noir, Samuel Da Costa note qu’il lui arrive de détacher les premiers boutons du col de sa chemise, pour afficher une désirabilité sur laquelle n’ont pas joué ses prédécesseurs. “La construction de la masculinité de Jordan Bardella comme parfait géniteur blanc, désirable et subtilement sexuel, incarne une contre-figure garante d’un ordre sexuel identitaire.” Cet ordre sexuel identitaire vise à lutter contre celui des non-blancs et des “woke”, LGBTQ et compagnie, qui révulsent les partisans du RN qui veulent exalter une sexualité traditionnelle. J’ajouterais que la subtile sexualisation de Jordan Bardella est sans doute aussi une main tendue vers les gays perdus par la gauche, ceux qui voient dans les musulmans des menaces et qui rejettent les “folles” et les trans car ils aspirent à la “normalité”. 

Le style vestimentaire a toujours joué un rôle essentiel et assumé à l’extrême-droite. Très attachés à l’uniforme, les fascistes aspirent à un effacement de la diversité des individus derrière des repères identitaires stables et explicites : le genre et la nation, dans le cas du RN. Dans ce même article consacré à Bardella, Samuel Da Costa évoque l’influenceur Papacito, dont j’ai pour ma part entendu parler pour la première fois quand j’avais la vingtaine et que des amis se faisaient circuler les pages de son blog “les fils de pute de la mode”. Dans ce blog, Papacito et ses amis exposait les photos Facebook de jeunes hommes dont ils moquaient le style, jugé “fragile”, pas assez viril, homosexuel, citadin… et érigeaient en modèle de virilité des rois, des dictateurs ou des criminels. 

La virilité incarnée par Jordan Bardella est moins clivante, plus lisse, plus conforme à “l’ordre républicain” que le RN veut désormais incarner. Le port du costume bleu foncé avec cravate est un incontournable de l’appartenance à la classe politique respectable, alors même que partout ailleurs, y compris dans les directions des entreprises privées, la cravate tend à disparaître. Mais c’est l’uniforme des politiciens professionnels auxquels le RN revendique d’appartenir pleinement, et qui l’ont pleinement accueilli dans leurs rangs. Cette affirmation corporatiste est aussi une affirmation de genre, qui peut être augmentée par la pratique de la musculation qui permet de “remplir” ce costume et d’augmenter sa stature (amplifiée par les épaulettes des vestes, qui créent artificiellement une silhouette carrée). Faut-il se distinguer de ce style corporatiste et viriliste ? Dans la classe politique, peu s’y risquent. Les jeunes députés de la France Insoumise comme Antoine Léaument ou David Guiraud, à la pointe de la lutte contre le RN, restent fidèles à cette affirmation de genre et ce style “républicain”. 

2 – Le gilet jaune, habit du peuple contre les élites

En novembre 2018, le mouvement de colère contre l’établissement d’une nouvelle taxe a pris le nom d’un attribut vestimentaire, signe de reconnaissance astucieusement lancé par un anonyme au début du mouvement. Au début placé sur le tableau de bord des voitures en signe de protestation contre la taxe carbone, le gilet fluorescent, rendu obligatoire quelques années plus tôt pour les automobilistes, est devenu un vêtement qui a eu plusieurs fonctions clefs. D’abord, il s’agit d’un signe d’inter-reconnaissance : on identifie celles et ceux qui pensent comme nous. Ensuite, le port du gilet jaune a permis de créer un style commun entre des personnes différentes, notamment, au début du mouvement, entre une fraction dominante des classes laborieuses (artisans, petits patrons etc) et des personnes plus modestes, toutes ensembles reliées par le port d’un gilet absolument semblable et très bon marché. Les vêtements nous classent socialement : notre appréhension du milieu social de quelqu’un est étroitement lié à sa façon de s’habiller, à ses chaussures, au port de ses vêtements (coupe ajustée ou coupe large…). Cela ne fait évidemment pas tout : la façon de parler, de se déplacer, de se tenir, en dit aussi très long. Mais les vêtements jouent un rôle important qui se retrouve neutralisé par le port du gilet jaune, qui crée globalement les mêmes silhouettes. 

Le port du gilet jaune permet donc une affirmation sociale : au-delà de nos différences, nous nous ressemblons dans notre commune colère et notre différence vis-à-vis “d’eux” : les politiciens, les riches, les décideurs. Cette affirmation sociale d’origine vestimentaire a joué un rôle essentiel dans le succès du mouvement : il suffisait de porter un gilet jaune pour en être. Le coût d’entrée était réduit à son minimum. Ni culture politique, ni convictions fortes, ni participation à de longues réunions n’étaient requises : il suffisait de porter un vêtement que tous les automobilistes possèdent. 

Le gilet jaune était une affirmation sociale mais pas une affirmation de genre : le mouvement a toujours été mixte et le gilet, sans coupe ni genre particulier, permettait une véritable neutralité de genre, à l’opposé du costume-cravate des politiciens. C’est un mouvement dont les quelques leaders ont été des femmes autant que des hommes, ce qui est rare dans la vie politique française. 

Le gilet jaune n’est pas le premier élément de style à l’origine d’une insurrection : début juillet 1789, le journaliste Camille Desmoulins fait un discours vibrant contre la monarchie et brandit une feuille verte en guise de cocarde pour en faire l’insigne de la révolte. La couleur verte est abandonnée dans les jours qui suivent et remplacé par le bleu, blanc et rouge, et cette cocarde devient le symbole de l’idéal révolutionnaire. Avec elle, le bonnet phrygien, symbole encore plus explicite : il s’agit du couvre-chef donné aux esclaves affranchis sous l’empire romain. Un siècle plus tard, les œillets ont donné le nom de la révolution portugaise contre la dictature de Salazar car ces fleurs ont été données aux soldats venus renverser le régime et soutenus par la foule. 

Les symboles révolutionnaires ne durent pas éternellement : la cocarde tricolore est devenue le symbole de la République bourgeoise et coloniale française tandis que le bonnet phrygien a été transformé en immonde mascotte publicitaire pour les dispendieux et très capitalistes Jeux olympiques de Paris en 2024.

3 – Le cosplay gaucho : se distinguer plutôt que rassembler

Dans nos vies quotidiennes, le style vestimentaire permet l’inter-reconnaissance ou l’appartenance à un groupe, mais il peut aussi servir à se distinguer et à exister en tant qu’individu vis-à-vis du groupe. Nous sommes toutes et tous porteurs de ces volontés apparemment contradictoires : appartenir à un collectif mais exister en tant que personne particulière. Nous évoluons en permanence entre ces deux pôles, et il n’y a rien de mal à ça. Mais comment faire quand on est porteur d’idéaux politiques révolutionnaires ou de rupture avec l’ordre existant ? 

Durant la majeure partie du mouvement ouvrier, le lien entre le camp social et la tenue vestimentaire était particulièrement facile à établir : les vêtements des ouvrières et des ouvriers différaient fondamentalement de ceux des bourgeoises et des bourgeois. La distinction sociale par le vêtement était très forte, à une époque où la mode était beaucoup moins diffusée que maintenant. Depuis les années 1990, le style vestimentaire est un marqueur de classe moins facile à appréhender, notamment parce que toute une partie du vestiaire de la classe ouvrière a été réappropriée par les classes supérieures : le blue jean, les chaussures de sécurité et les bleus de travail ont été gentrifiés. Les vêtements issus de la culture hip hop comme le hoodie sont devenus un classique qui traverse toutes les classes sociales. La distinction de classe n’est plus aussi nette que du temps des “sans-culottes” de 1789, à une époque où le port de tel ou tel vêtement était encadré par des usages stricts : aristocrates, bourgeois et paysans ne pouvaient légalement pas porter les mêmes habits. Alors en quoi notre style peut-il encore refléter des idéaux de conflictualité sociale et politique ?

Dans un livre sur la politique et le vêtement, L’Étoffe des contestataires, le chercheur François Hourmant rappelle que dans les régimes autoritaires ou totalitaire, la façon de porter ses vêtements, de “customiser” un uniforme imposé d’en haut, peut constituer une façon de résister. C’est aussi le cas dans des pays moins autoritaires mais où les normes sociales s’affirment contre les individus, comme les normes de genre et d’hétérosexualité : jouer avec les codes vestimentaires pour affirmer de la masculinité ou de la féminité chez celles et ceux chez qui on ne l’attend pas est une façon de résister à ces normes. Cette résistance individuelle peut créer un engouement collectif et ainsi permettre une contestation de masse. 

Mais comment se différencier tout en rassemblant autour de soi ? Comment faire en sorte que cette volonté de distinction porte en elle un message politique plutôt qu’une simple affirmation identitaire, potentiellement individualiste ? C’est un peu le problème du “cosplay gaucho”, qui passe par l’investissement dans des styles vestimentaires folkloriques, venant puiser dans des héritages historiques de la gauche. Dans les milieux militants, on en trouve plusieurs variantes : le cosplay ouvrier, qui passe par des versions revisitées du bleu de travail ou du port du béret ou de la casquette. Le cosplay hippie, qui tente de reproduire le style des années 1970, cultive une certaine négligence vestimentaire et performe la sortie du capitalisme par les vêtements, ce qui est très compliqué ou très coûteux, comme je le rappelais dans cet article. On peut aussi citer le cosplay intello, qui imite le style de l’intellectuel gauchiste des années 1960, du sorbonnard à petites lunettes façon Trotski.

Ces styles vestimentaires sont-ils réellement contestataires ? En prenant appui sur une réalité sociale qui n’existe plus, ils sont plutôt de l’ordre du folklore et de la distinction : ils mettent en scène une distance avec la société telle qu’elle est devenue. Le cosplay gaucho produit de l’inter-reconnaissance à une petite échelle, essentiellement auprès de ses semblables. Mais il peut constituer un obstacle pour l’élargissement de son influence sociale. 

Les militants de droite et d’extrême droite se déguisent aussi régulièrement en paysans fantasmés de la France d’antan lors de grands banquets qu’ils mettent en scène sur les réseaux sociaux, où hommes et femmes performent leur genre à travers leurs vêtements (chemise-bretelles-béret pour les hommes, robes longues pour les femmes…). Mais ces déguisements ont le mérite de la cohérence : alors que la droite et l’extrême droite puisent leur attraction dans la nostalgie d’un passé idéalisé, ce n’est pas le cas de la gauche, et encore moins de la gauche révolutionnaire.

4 – Le normcore ou la difficile recherche de la “normalité”

“On est allé à l’AG de préparation du 10 septembre, il n’y avait que des coupes mulets et des polaires Patagonia” : j’ai reçu un certain nombre de retour d’expérience dans ce genre, dans les jours qui ont précédé l’éphémère mouvement “Bloquons tout”, au sujet des rassemblements ayant eu lieu dans des grandes villes comme Paris. Mes interlocuteurs étaient déçus : ce que l’on attendait de ce mouvement c’était une résurgence des Gilets jaunes et beaucoup ont estimé qu’on allait seulement y retrouver les gauchos habituels – dont ils sont et moi aussi. Et pour s’en assurer, pas besoin de parler aux gens pour leur demander : leur coupe de cheveux et leur style vestimentaire suffit. Ce style vestimentaire est celui d’une tendance politique, assez à gauche, qui veille à éviter des marques comme Adidas et privilégie des marques réputées (de façon erronée) plus éthiques comme Patagonia, qui se démarque du commun des mortels par le choix des coupes qu’elle porte (plus large) et des couleurs, volontiers flashy conformément au revival du style des années 1990-2000 que nous connaissons en ce moment dans certains milieux, dits “branchés”. Le constat réalisé à partir de cette observation vestimentaire c’est que le mouvement du 10 septembre, du moins dans les grandes villes (dans une petite ville comme la mienne ce fut très différent) surreprésentait un milieu social et une tendance politique : les diplômés branchés, pas forcément riches mais à fort “capital culturel”, et très politisés à gauche. Et qu’il rendait difficile la massification d’un mouvement pourtant, à en croire les sondages, très populaire.

Et c’est bien possible : nos vêtements créent une frontière entre nous et les autres. Parfois ils sont une invitation, quand ils créent du commun, comme le gilet jaune, mais parfois ils sont une barrière où il est écrit “je suis différent de toi”. Alors comment faire pour ne pas trop s’afficher comme une catégorie à part, et avoir l’air de quelqu’un ou d’un groupe qui peut faire venir à soi des gens très différents ?

Le style “normcore”, théorisé en 2014 aux Etats-Unis, peut constituer une réponse à cette question. Contraction de “normal” et “hardcore”, le style normcore se définit comme la volonté de ressembler à tout le monde, de ne pas se distinguer par ses vêtements ou ses accessoires, de façon à pouvoir évoluer dans tous les milieux sociaux. En fait, il s’agirait d’abord, nous dit la presse spécialisée, d’une fatigue de certaines personnes branchées à devoir suivre en permanence la mode… qui aurait conduit à en créer une nouvelle. Même le non-style est un style, et donc un marché. Mais sur le plan politique, cette tentative d’atteindre la neutralité sociale pour attirer à soi des gens différents est intéressante, en tout cas si elle se double d’un réel changement d’attitude : sortir de la posture du “missionnaire de gauche” qui part, habillé en gaucho, évangéliser les masses incultes et lobotomisées par CNews. Même habillé différemment, cette posture ne marche pas. 

La “bourgeoisie-bohème”, initialement, désignait des gens bien nés qui, en embrassant les idéaux de la contre-culture des années 1970, changeaient de style de vie, masquant au passage leur classe sociale véritable. Progressivement, ce terme s’est transformé dans le fourre-tout “bobo”, catégorie appréciée de l’extrême droite, qui désigne des gens de gauche qui cherchent à se distinguer de la masse en se faisant passer pour plus modeste qu’ils ne le sont. A Frustration, on parle parfois des “bourgeois-schlag”, souvent parisiens, propriétaires alors que fort jeunes, qui aiment se décrire “fauchés” et portent des vêtements trouvés en friperie.

La quête de la normalité devient alors un déguisement. Le député et ex-journaliste François Ruffin a été un véritable aficionado de cette stratégie. Amateur de polaire informe, capable d’arborer un maillot de foot à la tribune de l’Assemblée, le politicien a longtemps cherché à “faire peuple”… Pour finir par rejoindre le très petit bourgeois groupe écologiste et porter, sans difficulté aucune, la chemise blanche et la veste de costume. Fils d’ingénieurs, il a longtemps singé une certaine modestie, y compris en filmant sa cuisine à la déco ringarde, avant de devenir un politicien comme les autres. Mais n’était-ce pas un peu malhonnête de procéder ainsi ?

5 – S’accepter tel qu’on est et avoir un rapport réflexif à son style vestimentaire

L’ambition normcore repose sur la volonté de pouvoir porter des idéaux politiques auprès de tout le monde, au-delà d’un petit cercle de convaincus. Cette volonté de sortir de l’entre-soi est évidemment louable. Il s’agit non seulement de modéliser ses vêtements mais aussi ses attitudes, ses préjugés, sa façon de parler, pour être bien avec tout le monde. Ainsi, il s’agit de ne pas cultiver la distinction ou le folklore, et de chercher la plus grande inter-reconnaissance sociale possible. 

Pour autant, il ne faut pas ignorer ce que l’on est : nos origines sociales, nos métiers et nos revenus façonnent notre personnalité, et ce n’est pas le port de tel ou tel vêtement qui pourra changer ça. Le “peuple de gauche” des manifestations et des blocages, dont ses propres membres regrettent souvent l’omniprésence et l’uniformité, est composé en partie de gens diplômés, qui ont choisi de travailler dans le social, le service public ou le secteur culturel, et qui ont donc un style de vie – et un style vestimentaire – commun. Il n’y a pas à avoir honte de ça : dans la France de Macron, ces personnes sont de plus en plus exposées à des revenus moyens ou modestes, à des conditions de travail dégradées, à des ambitions contrariées. Leurs combats ne sont pas usurpés. Mais il est vrai que l’homogénéité de ce groupe peut l’empêcher de toucher d’autres groupes sociaux avec qui il partage des intérêts communs, comme les employés et les ouvriers. Pour la simple raison qu’il peut sembler plus difficile de s’intégrer dans un groupe homogène d’attitude et d’apparence que dans une foule diversifiée, où l’on retrouve des personnes qui nous ressemblent.

Dans un objectif de massification de nos combats, la question du style vestimentaire est primordiale. Elle ne résout pas tout, loin de là, mais réfléchir à ce que l’on en fait est le premier signe d’une réflexivité sociale essentielle si l’on veut réussir à rassembler des foules dans une lutte des classes. Dans cet article, j’ai essayé de relever un certains nombres de pistes et de pièges qui peuvent nous couper du reste du monde à travers nos vêtements : trop vouloir se distinguer pour honorer un folklore, trop vouloir ressembler au risque de se déguiser… Peut-être faut-il s’accepter tel que l’on est, avec nos goûts et notre style, socialement situé, plutôt que de forcer le trait à vouloir se transformer. Mais cette acceptation, réfléchie et attentive aux signaux que l’on envoie, peut se doubler de l’adoption d’un signe commun, permettant l’inter-reconnaissance la plus large possible, entre les divers fractions des classes dominés par une bourgeoisie dont le style vestimentaire n’est qu’ostentation et mise en scène de sa puissance. Quel sera le gilet jaune de notre prochaine insurrection ? La cocarde de nos futures révolutions ? Ce n’est pas une réflexion futile que d’y songer dès maintenant. 

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Nicolas Framont
Nicolas Framont
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