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Même si la plupart des Etats dans le monde soutiennent la Palestine, comme la plupart des peuples, même si en France l’immense majorité de la population est favorable à des sanctions contre Israël, les pro-israéliens déroulent une propagande massive dans les médias et sur les réseaux sociaux. Leurs arguments obscènes sont toujours les mêmes et pourtant faciles à démonter. Tour d’horizon, sources à l’appui. 

“Critiquer Israël c’est antisémite” 

Critiquer la politique israélienne, l’occupation et la colonisation ce n’est pas de l’antisémitisme. C’est ce que font l’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch, de nombreux Juifs antisionistes et même des Israéliens. 


Sources :

“Israël ne colonise pas, c’est la terre historique des Juifs”

La colonisation est bien en cours. L’ONU et la Cour internationale de justice la qualifient de manière constante d’illégale.

Plus de 700 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, territoires occupés depuis 1967. Ces implantations violent le droit international. 

L’achat de terres au début du XXe siècle ne justifie ni une expulsion massive des populations palestiniennes en 1948 (Nakba), ni l’occupation militaire depuis 1967, ni les démolitions de maisons, ni l’apartheid documenté par de nombreuses ONG. 


Sources :

“Pourquoi ne demandez-vous pas plutôt des sanctions contre le Hamas ?”

Le Hamas est déjà considéré comme un groupe terroriste par l’Union européenne et soumis à un régime de sanctions très forts : interdiction de voyager, gel des avoirs, interdiction de fournir des fonds…


Source :

“La CIJ refuse de parler de génocide à Gaza et est la seule à pouvoir statuer”

Tout d’abord la Cour internationale de justice (CIJ) n’est pas la seule instance à pouvoir se prononcer sur ce qu’est un génocide.

Concernant Gaza, la CIJ a été saisie mais ne s’est pas encore prononcée. Elle a toutefois déjà statué, le 26 janvier 2024, qu’il y avait “un risque plausible de génocide” et a ordonné des mesures conservatoires à Israël que ce dernier n’a pas mises en place. 

En mai 2024, la procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens, dont Benjamin Netanyahu, pour “crimes de guerre” et “crimes contre l’humanité”. 
De nombreuses ONG expertes en droit international, notamment Amnesty International,  qualifient la situation à Gaza de “génocide”, de même que de nombreux experts de l’ONU.
C’est aussi le cas d’historiens de référence sur les génocides et sur la Shoah, y compris des historiens israéliens (Amos Goldberg, Daniel Blatman, Raz Segal, Ilan Pappé…)


Sources :

“Il n’y pas de génocide à Gaza puisque la population augmente !”

Tout d’abord cette affirmation est fausse : la population de Gaza a connu une perte nette de 6% selon l’ONU. 

Ensuite un génocide ne se mesure pas par la croissance démographique mais par l’intention (article 2, Convention de 1948). Cette intention peut être l’un des actes suivants : meurtres des membres du groupe, atteinte grave à leur intégrité physique ou mentale, soumission à des conditions d’existence devant entraîner la destruction physique, mesures pour entraver les naissances, transfert forcé d’enfants. 

Les intentions ici sont claires et explicites : conquérir l’intégralité de Gaza et de la Cisjordanie, tuer ou déporter l’entièreté de sa population. Trump parle lui d’en faire une nouvelle “côte d’Azur” (sans les Gazaouis). Ce qui correspond à une intention génocidaire.

Il n’est jamais dit que la réussite ou l’ampleur de la destruction démographique soit un critère. Un génocide peut être en cours même si la destruction du groupe n’est que partielle ou s’il n’aboutit pas. L’idée est bien d’arrêter le génocide avant qu’il ne soit terminé.


Sources :

“Le Hamas utilise la population de Gaza comme “boucliers humains””

L’argument est parfaitement absurde : du fait de la colonisation, Gaza est un territoire minuscule, extrêmement densément peuplé, sous blocus, sans armée régulière, où il n’existe pas de bases militaires classiques. Le Hamas ne peut donc en aucun cas être ailleurs que “parmi les civils”. Il n’y a pas de zone militaire séparée, pas de place pour faire des casernes ou des bases « en plein désert ». Avec le blocus aérien, maritime et terrestre, il n’existe aucune mobilité stratégique. Autrement dit, même si les membres du Hamas voulaient tous se rassembler au même endroit pour se faire exterminer par Israël, ils ne pourraient pas. 

Ensuite cet argument est réversible : si le simple fait d’être « parmi les civils » rend légitime une frappe, alors beaucoup de cibles israéliennes deviennent légitimes selon cette même logique, ce qui est inacceptable — et pourtant c’est exactement le raisonnement utilisé contre Gaza. Les réservistes israéliens sont majoritairement des civils en temps normal, qui vivent dans des immeubles, quartiers résidentiels, villes mixtes. Donc, ce sont techniquement des combattants cachés parmi des civils. Si le Hamas rasait des quartiers de Tel Aviv et disait : “un réserviste dormait là”, ce serait immédiatement dénoncé comme un crime de guerre. De même que les colons en Cisjordanie sont officiellement des civils mais sont armés, entraînés, violents, installés sur des terres confisquées, protégés par l’armée, et certains tirent eux-mêmes sur des Palestiniens. Donc si on appliquait la logique du « bouclier humain » cela donnerait « Les colons israéliens se cachent derrière femmes et enfants pour occuper illégalement la Cisjordanie. » Mais personne n’oserait dire ça, ce qui met en lumière l’hypocrisie du deux poids, deux mesures – d’autant plus lorsqu’est effacée l’asymétrie entre colonisé et colonisateur. 

Enfin, quand bien même on admettrait l’argument selon lequel les membres du Hamas “se cacheraient parmi les civils”, ça ne rend pas légitime à tuer les civils en question. Ça ne justifie pas non plus les bombes sur les camps de réfugiés, ni la destruction systématique d’infrastructures civiles, ni le blocus humanitaire. 


Sources :

“L’antisionisme c’est de l’antisémitisme”

L’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme c’est l’opposition au sionisme, c’est-à-dire au projet politique colonial visant à établir et soutenir un État juif en Palestine (aujourd’hui Israël). Cette opposition n’est pas que purement idéologique, elle est aussi contre la manière concrète, réelle, historique dont s’est manifesté le sionisme : par l’expulsion, la colonisation, la dépossession, les massacres de Palestiniens. 

Beaucoup de juifs internationalistes, anti-colonialistes sont antisionistes.
L’antisionisme de gauche consiste le plus souvent à vouloir remplacer l’Etat d’Israël par un véritable État multiculturel, multi religieux.

Dans le langage courant l’antisionisme désigne souvent tous les mouvements et personnes opposés à la politique israélienne, y compris ceux qui sont favorables à “la solution à deux Etats” (un Etat Palestinien aux frontières d’avant 1967 et l’Etat israélien). 


Sources :

Il n’existe pas de juifs antisionistes” (un propos aussi bien tenu par les pro-israéliens que par les antisémites)

Il y a toujours eu de nombreux Juifs antisionistes et c’est toujours le cas aujourd’hui, ce qui n’a rien d’une contradiction. Certains Juifs orthodoxes rejettent le sionisme pour des raisons religieuses : selon eux, le retour en Terre d’Israël ne peut être que messianique, pas politique. Des intellectuels juifs de renom comme Hannah Arendt, aujourd’hui Ilan Pappé ou Norman Finkelstein ont tous critiqué le sionisme, ou le considèrent comme un projet colonial.

Des mouvements juifs progressistes comme Jewish Voice for Peace (États-Unis), UJFP et Tsedek (France), défendent un antisionisme politique au nom des droits des Palestiniens et du droit international. Être juif n’implique pas et n’a jamais impliqué d’adhérer au sionisme, qui est une idéologie politique née à la fin du XIXe siècle. Les Juifs, comme tout le monde, ont des opinions politiques diverses. Réduire l’identité juive au soutien à l’État d’Israël, c’est justement essentialiser. 


Sources :

“S’acharner sur Israël alors qu’il y a d’autres problèmes dans le monde c’est la preuve de l’antisémitisme !” / “Pourquoi parlez-vous d’Israël et pas des Ouïghours/Congo/Soudan/autres conflits que les pro-israéliens ne mobilisent que pour faire taire la critique d’Israël ?”

Toutes les réponses dans cet article : https://frustrationmagazine.fr/pourquoi-le-conflit-en-palestine-est-si-central/

« Ce n’est pas un génocide car si Israël voulait vraiment exterminer les Palestiniens, il l’aurait déjà fait »

C’est par exemple l’avis du journaliste de Libération Jean Quatremer qui écrivait qu’Israël aurait “pu rayer d’un trait de bombes la population gazaouie” et reprend à son compte la théorie des “boucliers humains”. 

Israël dépend du soutien des États-Unis et de l’Occident. Une extermination trop ouverte pourrait provoquer un effondrement du soutien international. Raser Gaza en quelques jours serait un crime contre l’humanité trop évident, impossible à maquiller. Donc on ne tue pas tout le monde d’un coup — on détruit par étapes, on nie, on accuse le Hamas, on parle de « bavures », de « boucliers humains », etc.

Par ailleurs l’objectif n’est pas toujours l’extermination physique totale immédiate, mais la destruction politique et sociale du peuple palestinien. On détruit les conditions d’existence : écoles, hôpitaux, systèmes d’eau, lieux de mémoire, familles entières. C’est une stratégie de nettoyage ethnique progressif, qui peut relever du génocide par étapes.

Le génocide n’est pas défini par sa vitesse, mais par son intention. Ce n’est pas une question de quantité ou de rapidité, mais de volonté ciblée, répétée, systématique. Raser tout Gaza en quelques jours serait plus rapide, mais pas plus « génocidaire » que le faire sur plusieurs années à coups de famine, d’assassinats, de privation d’eau, de déportation et de bombardements massifs. 

Les génocidaires disent souvent « On ne tue pas tout le monde, donc ce n’est pas un génocide », mais les tribunaux ont déjà répondu à cette rhétorique. Le Rwanda nous a appris que détruire en partie un groupe suffit pour la qualification de génocide, la Bosnie que massacrer dans une région ciblée peut être qualifié de génocide, et la Birmanie que la destruction lente, par la faim, les déplacements, les viols, peut aussi entrer dans le cadre de la définition.

“Si le Hamas libère les otages, la guerre s’arrête”

Cet argument est martelé par les pro-israéliens dans les médias français. C’est notamment la ligne du porte-parole de l’armée israélienne en France, l’omniprésent Olivier Rafowicz. 

Pourtant, le gouvernement israélien dit sans cesse et publiquement le contraire, à savoir que la libération des otages n’est pas le but de guerre et que ce but de guerre est même secondaire. 

En avril 2025, le très puissant ministre des finances Bezalel Mostrich a répété que libérer les otages n’est « pas le but le plus important » de la guerre, ajoutant qu’il s’agit « d’éliminer le problème de Gaza ». Précédemment, il avait déjà déclaré qu’ « Israël ne se retirerait jamais des territoires capturés à Gaza, même en échange des otages ». Netanyahu avait lui aussi clarifié plusieurs fois le fait que la libération des otages n’est qu’un objectif parmi d’autre. En juillet 2024, il déclarait : « Nous arriverons à un accord qui libérera les otages et nous nous assurerons aussi de continuer la guerre jusqu’à que tous les objectifs soient atteint. » Les accords proposés par Israël pour la libération des otages ne constituaient d’ailleurs qu’en des « cessez-le-feu temporaires » et non pas en l’arrêt de la guerre. Israël s’est systématiquement opposé aux propositions du Hamas de libérer les otages en contrepartie d’une trêve de plusieurs années. 

Cela s’est d’ailleurs manifesté par le fait que la plupart des otages israéliens détenus à Gaza ont été tués dans les frappes israéliennes – ce qui n’est pas surprenant dans la mesure où les frappes sont indistinctes sur un territoire extrêmement denses – ce qui participe à la grande colère des familles d’otages. 

Les familles des otages sont extrêmement mobilisées en Israël pour que leur libération soit la priorité, car elles ne considèrent pas que ce soit le cas aujourd’hui. Elles manifestent régulièrement pour qu’Israël accepte les propositions de trêve et pour la destitution de Benjamin Netanyahu, qu’elles accusent de « tuer » leurs proches à Gaza (ce qui est factuellement vrai). En France, les pro-israéliens prétendent défendre les otages mais ne font pas connaître la parole et le combat de leurs familles, ni la mort de dizaines d’entre eux dans les bombardements israéliens, pourtant parfaitement documentés, y compris par les grands médias israéliens. 

Il est important de noter que le Hamas n’est pas le seul à détenir des otages puisqu’Israël détient illégalement et sans procès des milliers de Palestiniens, y compris des enfants, qui servent de monnaie d’échange dans les négociations avec la Palestine et qui sont soumis à diverses atrocités (meurtres, viols, tortures…)


Sources :

Le gouvernement israélien continuera la guerre même avec la libération des otages

Les familles d’otages critiquent le fait que la guerre du  gouvernement israélien n’ait rien à voir avec la libération des otages :

Le gouvernement israélien tue de nombreux otages israéliens en attaquant Gaza :

Israël torture et tue les otages palestiniens :

Face à la machine de propagande pro-israélienne, il est essentiel de ne pas se laisser intimider par des arguments usés qui ignorent le droit international, les réalités historiques et les rapports documentés sur la situation à Gaza. L’accusation d’antisémitisme, l’invocation d’un droit divin à la colonisation, la diabolisation de toute critique d’Israël ou la justification du génocide par la présence du Hamas ne résistent pas une seconde à l’examen des faits et des sources. 


Visuel par Farton Bink

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Rob Grams
Rob Grams
Rédacteur en chef adjoint
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